Un migrant malien du nom de Mody Boubou Coulibaly âgé d’une
vingtaine est décédé le 09 mai vers 12 heures à l’hôpital national, au
terme d’une course poursuite avec des gendarmes. Atteint gravement au
niveau des hanches, Coulibaly a succombé à une hémorragie quelques
heures plus tard.
Il était environ 9 heures, les faits se
passent près de la caserne des pompiers, au niveau de la Cité Concorde.
Une patrouille de la gendarmerie surgit dans un chantier de construction
d’un bâtiment dans lequel se trouvait le maçon Mody Coulibaly.
Une fois sur les lieux, les gendarmes
procèdent au contrôle des titres de séjours. N’ayant pas de titres de
séjours, Mody et d’autres ouvriers, saisis par la panique, se dispersent
pour éviter la détention puis le renvoi à la frontière.
Poursuivi par un gendarme, Mody monte au
troisième étage du bâtiment en construction. Sans aucune issue devant
lui, il saute depuis une fenêtre du troisième. Malheureusement, il tombe
sur un piquet de ferraille qui lui transperce mortellement les hanches.
Alors que Mody gisait dans une marre de
sang, un autre gendarme posté au pied du bâtiment l’aurait brutalement
tiré pour le neutraliser. Un geste qui enfoncera encore les bouts du fer
dans son corps. Face à la gravité de la situation, les éléments de la
gendarmerie le conduisent directement à l’hôpital national, accompagné
d’un autre ouvrier mauritanien présent dans le chantier.
Mort dans une ignorance totale des médecins
Mody restera alors plusieurs heures dans
l’ignorance totale du corps médical de l’hôpital. Une des témoins de la
scène raconte sur sa page facebook : « Ce matin j’ai été témoin
d’une scène insoutenable. Un jeune malien qui fuyait les gendarmes et
aurait sauté du haut d’un chantier pour atterrir sur des fers perchés ;
il sera ramené par ses bourreaux qui l’ont sorti de ces fers et une
hémorragie s’en suivra. Il attendra plus d’une heure avant d’obtenir des
soins ; seul le policier (de permanence NDLR) de l’hôpital se démenait
pour lui venir en aide. Il mourra 2h plus tard loin des siens.»
Pour informer les autorités consulaires
de l’ambassade du Mali, le gendarme aurait déclaré qu’il s’agissait
d’un accident de travail d’un ressortissant malien alors « qu’il s’agit bien d’une bavure d’après un autre migrant qui a vu toute la scène » précise Mr Diarra, un des responsable de l’association Faso Kono. « La
vérité, ajoute-t-il, c’est qu’il a été poursuivi parce qu’il n’a pas
de titre de séjour. Il a sauté d’une fenêtre et il est tombé sur un
piquet, des fers ont transpercé ses hanches et il est mort ».
La communauté des migrants maliens n’a été mise au courant des faits que très tardivement confie encore Diarra : « On
n’a été informés par les autorités consulaires qu’une fois le jeune
décédé, pour nous annoncer que le mardi à 16 heures il y aura la prière
sur notre compatriote mort dans un accident de travail ».
Les autorités consulaires du Mali ont-ils une complicité avec l’Etat mauritanien pour camoufler cette affaire de bavure ?
« Notre volonté était qu’après avoir
découvert qu’il ne s’agissait pas d’un accident de travail, parce qu’il y
a un cas actuellement et que l’ambassade s’en fiche complètement, de
nous saisir de la dépouille de Mody pour que l’inhumation se déroule au
Mali et que l’Etat Malien soit ainsi témoin des traitements que
subissent ses ressortissants en Mauritanie » assure Mr Diarra.
« Nous sommes allés à la morgue
pour récupérer le corps, on a trouvé qu’il a été caché dans un lieu
inconnu. C’est seulement le mercredi que nous découvrirons. Et on a
trouvé que les responsables de l’ambassade ont discuté et convaincu une
personne se réclamant être de la famille du défunt pour que la
dépouille de leur fils soit inhumée au cimetière du PK7 ».
Venus massivement dénoncer la violence
policière qu’ils subissent devant l’ambassade du Mali, une centaine de
migrants maliens ont été dispersés par la police. Deux ressortissants
maliens ont été arrêtés.
Nous avons tenté vainement à plusieurs reprises d’avoir la version du chargé des affaires consulaires de l’ambassade du Mali.
RMI info
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