« grâce à la France, Boko Haram a reculé...» « Ces résultats ont été obtenus … parce que la France a pris ses responsabilités.
L’échec est orphelin mais la victoire est plurielle. Profitez-en mais ne
nous la volez pas car nous ne l’accepterons pas M. Hollande. Et vous
savez très bien pourquoi. On ne peut tromper que ceux qui n’ont aucune
mémoire. Il y a 2 ans, à Paris se tenait, au mois de Mai 2014
précisément, un sommet consacré à Boko Haram. Etaient conviés autour de
Hollande, les présidents Goodluck Jonathan, Paul Biya, Idriss Déby,
Mohamadou Issoufou, Boni Yayi, pour discuter de la stratégie à mettre en œuvre contre cette secte obscurantiste.
« Nous sommes ici pour affirmer notre détermination à lutter
vigoureusement contre le Boko Haram …..Le problème Boko haram a cessé
d’être un problème uniquement nigérian, régional et est devenu un
problème continental, nous sommes ici pour déclarer la guerre à Boko
haram, nous allons la poursuivre et vaincre cette chose ». Tels
furent les propos du chef de l’Etat camerounais lors de la conférence
d’après sommet.
Certains de ses compatriotes l’ont critiqué pour avoir fait cette
déclaration de guerre, de l’étranger, de Paris et non pas devant la
représentation nationale de son pays.
Ces camerounais oubliaient que notre pays était accusé, à l’époque,
d’être non seulement une base arrière de Boko Haram mais pire de ne rien
faire pour empêcher leurs attaques contre le territoire de notre
voisin. Comment notre pays aurait-il pu jouer un tel jeu au détriment de
ses propres intérêts quand on sait le nombre de réfugiés nigérians que
nous accueillons sur notre sol, des liens qui unissent nos populations
de part et d’autre de notre frontière commune, des intérêts économiques
et enfin au regard de notre soutien passé lors de la guerre du Biafra ?
En s’engageant dans cette lutte contre Boko Haram, notre pays répondait
non seulement à ses accusations non fondées mais aussi prenait le
leadership de cette lutte là où le Nigéria qui était le foyer de cette
insurrection, semblait inerte.
Les atermoiements du gouvernement
Goodluck, sanctionnés par l’élection de Mohamadou Buhari et ses
premières décisions, ont conforté d’abord notre décision de ne point
accorder un droit de poursuite à l’armée nigériane sur notre territoire
mais aussi de rechercher une coopération et une synergie régionales pour
combattre cette secte.
A peine les lampions s’étaient éteints à Paris, que le Président Paul
Biya recevait à Yaoundé, son homologue tchadien, lors d’une visite de
travail au cours de laquelle ce dernier réaffirma l’engagement de son
pays à combattre Boko Haram, au côté du Cameroun.
Dans la semaine qui suivit, les troupes et le matériel militaire étaient
acheminés dans le Septentrion. Preuve s’il en était besoin que les
propos du Chef de l’Etat, à Paris, devant ses pairs médusés
(Revoyez la vidéo) n’étaient point une improvisation mais le résultat
d’une décision murie, réfléchie sinon, pour des spécialistes militaires,
comment comprendre qu’une projection qui nécessite des moyens
logistiques conséquents, ait pu se faire dans des délais très courts ?
Pendant près d’un an, le Cameroun s’est retrouvé seul face aux
terroristes de Boko Haram malgré l’engagement pris par les participants
au sommet de Paris ?
Qui a oublié les expéditions de BH à Kolofata, Amchidé, Bargaram,
Aschigachia. Les pertes que nous avons subies. On parle de plus de 1200
civils tués, d’une centaine de nos soldats qui ont perdu la vie, des
blessés et de nombreux déplacés. Une économie régionale en berne. Lors
de cette conférence de presse d’après sommet, à une question d’un
journaliste sur les armes et le financement de la secte, le Président
Hollande disait ceci. Pour les armes,
« nous savons qu’elles
viennent de Libye et pour le financement, nous sommes en train de
chercher …Nous avons besoin de la coopération internationale pour tarir
leurs sources d’approvisionnement ».
La Libye dit-il, venons en.
Qui est responsable du chaos en Libye ? Qui viola la résolution
onusienne 1973 sur l’exclusion aérienne et l’embargo sur les armes dans
ce pays ? Qui a assassiné le guide libyen Kadhafi ?
Continuons à rafraîchir la mémoire de nos amis français qui ont tendance
à s’approprier une victoire à laquelle ils ont participé que
modestement pour ne pas dire dans une proportion quasiment nulle.
Recevant les vœux du corps diplomatique en Janvier 2015, le Président
Paul Biya, dans sa réponse, disait « A
menace globale, réponse globale » et stigmatisait l’inertie de la
communauté internationale en général et régionale en particulier.
Quels furent les premiers pays qui répondirent à l’appel de notre Chef de l’Etat ?
La Russie, qui, à travers son ambassadeur à Yaoundé, sortant d’une
audience avec le PRC, annonçait la proposition de son gouvernement de
fournir d’une part à nos forces de défense les moyens sophistiqués pour
lutter contre Boko Haram et d’autre part une assistance humanitaire aux
réfugiés centrafricains. Offre qui s’est rapidement concrétisée par
l’arrivée de cette aide.
https://www.prc.cm/…/1291-cooperation-cameroun-russie-le-no…
Un accord de coopération militaire et technique fut d’ailleurs signé entre les 2 pays.
Ensuite, le Président tchadien décida, en accord avec notre pays,
d’envoyer un corps expéditionnaire de 2500 soldats au Cameroun pour
épauler nos forces de défense. Privées du droit de poursuite sur le sol
nigérian, à l’époque, nos forces de défense l’ont compensé par
procuration avec l’arrivée des soldats tchadiens qui avaient ce droit.
Ce renfort s’est révélé bénéfique pour notre pays, dans le cadre de
l’opération « Logone » car il a permis de réduire l’étirement que nous
imposait l’ennemi et surtout de faire face au délitement de l’armée
nigériane qui avait abandonné leurs positions et armes de l’autre côté
de la frontière.
Pendant ce temps, qu’ont fait nos autres partenaires ?
La Chine dont les ressortissants ont été enlevés à Waza, nous accorda un don de 2,5 milliards de Fcfa de fournitures militaires, officiellement pour renforcer nos capacités en matière de lutte contre la piraterie maritime.
L’Allemagne, 120 véhicules pour améliorer nos capacités de projection.
La Turquie, dans sa volonté de creuser son sillon, s’est proposée de
nous apporter son aide davantage dans la lutte contre le terrorisme. Là aussi, un accord militaire a été signé avec notre pays.
Les USA, à travers AFRICOM, a fourni des casques lourds, des gilets pare-balles, des véhicules MRAP puis envoyé un
contingent de 300 soldats stationnés à la BA 301 de Garoua avec pour
mission d’effectuer de la reconnaissance et le renseignement au profit
des troupes camerounaises et de celles de la FMM « Force Mixte
Multinationale ».
Quid de notre partenaire historique français. Nos accords de défense ont
été renégociés et mués en accord de partenariat depuis Mai 2009.
Depuis le déclenchement de cette guerre contre Boko Haram, l’assistance
militaire française s’est limitée à la formation de nos de défense à la
lutte anti-terrorisme, au déminage et au partage du renseignement via la présence de 2 officiers de liaison au sein de notre Etat-major à Maroua.
Cette assistance a récemment atteint son point culminant ces derniers
mois, avec la livraison de 11 jeeps équipées de mitrailleuses, radios,
accompagnées d’une quarantaine de casques et de gilets pare-balles pour
permettre aux premiers éléments des forces spéciales qui ont bénéficié
d’une formation par les forces françaises au Gabon, de s’entrainer. Valeur de ce don, 365 millions de Fcfa.
En quoi une telle assistance a permis de faire reculer Boko Haram quand on sait que cette guerre, selon le FMI, a déjà coûté au Cameroun, entre 170 et 340 milliards de Fcfa ?
Les soldats français combattent-ils aux côtés des Camerounais ? A notre
connaissance non.
Laurent Fabius, ministre des relations extérieures, à l’époque, avait
indiqué que son pays, la France, appuierait une résolution onusienne en
faveur de la Force Mixte Multinationale, ouvrant la voie à une
conférence des donateurs pour financer celle-ci. 237online.com Où en
est-on depuis ? Le général nigérian, commandant de cette force, se
plaignait encore récemment de la lenteur de certains partenaires. Il
visait, il faut le dire, certains pays prompts aujourd’hui, à
s’approprier une victoire en lieu et place d’un échec qu’ils avaient
pronostiqué sinon souhaité. Pour l’heure, les pays du bassin du Lac
Tchad, assument seuls les charges de cette force. Même les promesses de
50 milliards de Fcfa des pays de la CEEAC, après le sommet organisé par
notre pays à Yaoundé, n’ont pas été tenues.
La coopération renforcée
entre le Nigeria et le Cameroun, depuis l’arrivée de Buhari, a permis de
glaner de nombreuses victoires contre Boko Haram. Que le Président
Hollande, en perte de vitesse sur le plan interne, veuille s’adjuger une
victoire diplomatique pour redorer son blason est une chose mais nous
n’accepterons point qu’une telle manœuvre se fasse au détriment des
sacrifices consentis par nos soldats tombés sur le champ de bataille.
Nous pensons au S/Lt Donkeng, AU Lt Njilié, aux capitaines Yari, Matute,
Moume, au Lt-Colonel Kwene et bien d’autres. Non la France a très peu
contribué à cette victoire annoncée contre Boko Haram bien que nous
devions demeurer vigilants. L’échec est orphelin mais la victoire est
plurielle. La France profitez-en mais ne nous la volez pas. Nous ne le
permettrons pas.
Actu Cameroun