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Nigeria: des doutes sur l'identité de la seconde "rescapée de Chibok"


Amina Ali (D) à son arrivée le 19 mai 2016 à Abuja (AFP/FLORIAN PLAUCHEUR)

L'armée nigériane a annoncé avoir retrouvé une seconde rescapée de Chibok, quelques jours après la découverte d'une première lycéenne, mais les familles ont émis des doutes sur son identité, et des experts s'interrogent quant aux circonstances dans lesquelles ces filles ont été trouvées.

Selon l'armée, Serah Luka se trouvait parmi un groupe de 97 femmes et enfants secourus jeudi vers Damboa, dans le nord-est du Nigeria, au cours d'une opération militaire contre les islamistes de Boko Haram.


A peine quelques heures avant cette annonce, le président nigérian Muhammadu Buhari, avait considéré que la découverte d'Amina Ali, la première rescapée de Chibok, offrait "de nouveaux espoirs" et "une opportunité unique en termes d'informations vitales" sur les autres otages.


Amina Ali, aujourd'hui âgée de 19 ans, a été trouvée mardi par l'armée et des milices locales avec son bébé de quatre mois et un homme qu'elle présente comme son mari et que l'armée décrit comme un "terroriste présumé", près de la forêt de Sambisa, un bastion de Boko Haram.


L'armée nigériane, qui a remporté de nombreuses succès contre Boko Haram dans le nord-est ces derniers mois, ratisse depuis fin avril cette ancienne réserve naturelle pour y traquer les islamistes et détruire leurs camps.


Jusqu'à la découverte d'Amina Ali, cette semaine, on était sans nouvelles des 219 lycéennes de Chibok, dont l'enlèvement avait ému le monde entier.


En tout, elles étaient 276 à avoir été capturées par les islamistes dans le lycée public pour filles de cette petite ville du nord-est, le 14 avril 2014. Mais 57 d'entre elles avaient réussi à prendre la fuite peu après le drame.


- Pas dans la liste -


Yakubu Nkeki, le président de l'association des parents des otages de Chibok, est formel : Serah Luka "ne fait pas partie des filles enlevées à Chibok".


Si M. Nkeki a dit avoir été contacté par l'armée au moment de la découverte d'Amina Ali, avant que l'information soit rendue publique et avoir "été capables de l'identifier et de savoir qui étaient ses parents", cela n'a pas été le cas pour la seconde rescapée, a-t-il regretté.


Or, il n'y a que deux filles qui portent le nom de famille de Luka, dans la liste des disparues, "il s'agit de Kauna Luka Yana et Naomi Luka Dzaka", a-t-il poursuivi.
Aussi, l'armée a annoncé que l'ex-otage était la fille du pasteur Luka, et "dans la liste des parents, nous n'avons que quatre prêtres, et aucun d'eux ne porte le nom de Luka", selon M. Nkeki.


Autre élément: selon l'armée, la jeune fille a dit être originaire de Madagali, dans l'Etat d'Adamawa, mais "aucune des filles ne vient de Madagali".
L'ancienne ministre Oby Ezekwisili, à la tête de la campagne de soutien aux otages de Chibok, "Bring back our girls", a déclaré être "extrêmement heureuse", avant d'ajouter, sur Twitter, avoir réclamé "des vérifications sur son identité".
Une source militaire de haut rang a cependant maintenu que la jeune fille était une des lycéennes de Chibok. 


"Les militaires qui ont mené l'opération, les miliciens qui les ont aidé, et ceux qui connaissent cette fille ont confirmé qu'elle faisait partie des filles kidnappées", a-t-il déclaré à l'AFP.


"Nous ne pouvons revoir notre jugement que si le directeur de l'école ou le gouvernement de l'Etat de Borno remettent en cause l'identité de la jeune fille telle qu'établie", a-t-il insisté.


Le gouvernement nigérian a dit avoir reçu une "preuve de vie" des otages de Chibok par vidéo, plus tôt cette année. Un document accueilli avec méfiance, les autorités ayant du mal à définir si les auteurs de la vidéo avaient autorité, au sein de Boko Haram, et la réelle capacité d'engager des pourparlers.


Avant cela, aucune image des lycéennes n'avait été diffusée depuis une vidéo de Boko Haram datant de mai 2014, où l'on voyait un groupe de jeunes filles en hijab récitant des versets du coran.


Pour certains experts, la réapparition d'Amina Ali serait moins le fruit d'une action militaire qu'un signe de "bonne volonté" de la part du groupe islamiste, qui l'aurait tout simplement libérée, en vue de pourparlers.


Pour Ryan Cummings, spécialiste des questions de sécurité dans la région, "cela semble assez incongru que l'otage (Amina), son enfant et son mari, de Boko Haram, tombent ainsi sur des miliciens, comme cela a été décrit".


LeParisien
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