Aaron Driver, alias Harun Abdurahman, est considéré comme un extrémiste sympathisant du groupe armé État islamique par le Service canadien du renseignement de sécurité Photo : Facebook
Aaron Driver, un Canadien sympathisant avoué du
groupe armé État islamique (EI) qui a été abattu par la police dans le
sud de l'Ontario mercredi, voulait commettre un attentat à la
gare Union
de Toronto, utilisée par 200 000 personnes chaque jour, selon des
sources de CBC.
L'agence provinciale Metrolinx et la Commission des transports de
Toronto disent avoir été informés d'une menace non spécifique et s'en
sont remis à la Gendarmerie royale du Canada dans le dossier.L'opération policière contre Driver a commencé mercredi après-midi dans un quartier de Strathroy, une petite localité de 20 000 habitants à l'ouest de London, en Ontario.
Selon sa famille, il aurait d'abord été blessé après avoir déclenché un engin explosif, puis les policiers l'auraient abattu avant qu'il n'en actionne un deuxième. Une autre personne aurait été blessée par l'explosion, ajoute CBC.
Un policier, sous le couvert de l'anonymat, a indiqué à l'Associated Press qu'Aaron Driver prévoyait commettre un attentat dans un lieu public.
Y avait-t-il une personne de sa famille, un ami qui a communiqué avec la GRC, y avait-il de la surveillance électronique et on savait qu'il était prêt à passer à l'action?
Pour M. Juneau-Katsuya, consultant en sécurité et ex-membre du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), les policiers n'ont peut-être pas eu le choix d'abattre Driver, parce qu'il « allait mettre en péril » la vie des agents qui étaient venus pour l'arrêter.
Opération policière à Strathroy, en Ontario
Photo : Radio-Canada
Dans un communiqué laconique publié en début de soirée mercredi, la GRC a seulement mentionné que « les mesures appropriées ont été prises afin de s'assurer qu'il n'y ait aucun danger pour la sécurité publique ». Une conférence de presse doit avoir lieu jeudi.
Un Canadien radicalisé et surveillé
Le jeune homme radicalisé de 24 ans figure sur la liste de surveillance du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) depuis octobre 2014 pour avoir prêté allégeance à l'EI sur les médias sociaux.
Aaron Driver a capté l'attention du SCRS après avoir écrit sur Twitter des messages en soutien à l'EI sous le pseudonyme Harum Abdurahman. Il avait aussi déclaré publiquement que les attaques au parlement en octobre 2014 étaient justifiées.
« Si un pays part en guerre contre un autre pays, un peuple ou une autre communauté, les gens doivent être préparés pour des évènements comme l'attentat au parlement. Lorsque ça arrivera, ils ne devraient pas être surpris. Ils le méritaient », avait déclaré Aaron Driver lors d'une longue entrevue téléphonique avec CBC en juin 2015.
Le jeune homme avait été arrêté en 2015, puis libéré sous caution l'an dernier à Winnipeg. Aaron Driver devait se conformer à plusieurs conditions strictes, dont celle de ne pas quitter Strathroy. De plus, il devait obtenir la permission des autorités afin d'utiliser un téléphone cellulaire ou un ordinateur et ne devait pas utiliser les réseaux sociaux.
Il devait aussi respecter un couvre-feu et assister à des séances avec un conseiller religieux approuvé par le SCRS.
Après son arrestation, son père, un militaire canadien, a raconté que son fils a été élevé selon la foi chrétienne, mais qu'il a connu une enfance difficile en raison du décès de sa mère d'un cancer du cerveau lorsqu'il avait sept ans. Son fils s'est alors isolé et l'enfant troublé s'est transformé en adolescent rebelle.
Aaron Driver s'est converti à l'islam à l'adolescence
Photo : Facebook
Aaron Driver a été pris en charge par les services sociaux et a passé la plupart de son temps dans des maisons de transition. En 2008, alors qu'il vivait avec son père en Ontario, il s'est converti à l'islam.
Son père a dit que son fils pratiquait les tenants de l'islam, mais ne semblait pas radicalisé. Il était toutefois solitaire et reclus; leur relation était difficile et la communication était quasi-inexistante. « Je ne peux plus l'aider », a dit le père.
Au printemps 2015, le SCRS avait communiqué avec le père pour l'informer que son fils se trouvait sur sa liste de surveillance et qu'il s'était radicalisé. « Certaines choses qu'il a dit ou partagé sur les réseaux sociaux m'ont dégoûté. Il riait de personnes décapitées, comme si c'était une grosse farce », dit son père.
Rumeurs d'attentat à Ottawa
Une note gouvernementale interne, dont CBC a obtenu copie, avait suscité nombre de rumeurs pendant la journée à Ottawa relativement à une possible « menace terroriste ». Celle-ci était accompagnée d'une photo d'un homme portant une cagoule, mais sans indication qu'il pourrait s'agir d'Aaron Driver.
Le ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, Ralph Goodale, a indiqué avoir discuté mercredi d'une « menace » avec le premier ministre Justin Trudeau.
« Le gouvernement surveille avec vigilance toutes les menaces potentielles et des mesures solides sont en place pour y répondre », indique-t-il dans un communiqué, précisant également que le niveau national de menace terroriste pour le Canada demeure « moyen » depuis l'automne 2014.
« Les Canadiens peuvent être assurés que lorsque des renseignements crédibles sur une menace terroriste possible sont obtenus, la GRC, le SCRS et les autres organismes policiers et de sécurité prennent les mesures qui s'imposent pour garantir la sécurité de notre pays et de ses citoyens », ajoute le ministre Goodale.
Ici Radio Canada
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